La colère (justifiée !) des oléiculteurs italiens ne faiblit pas face aux aides accordées à la Tunisie, qui exportera sur le marché de l’Union européenne 35 000 tonnes d’huile d’olive en 2016 et autant en 2017, en franchise de droits de douane (c’est-à-dire à coût zéro !).
Cette mesure, approuvée le 25 février dernier par le Parlement européen pour venir en aide à un pays nord-africain frappé par le terrorisme, risque de nuire aux producteurs italiens. Surtout à ceux des Pouilles !
« L’huile d’olive tunisienne exportée – explique Vincenzo Lucarella – n’est pas tracée, et peut donc facilement être mélangée à d’autres huiles, italiennes ou non, extra vierges ou non, et devenir magiquement italienne, au détriment non seulement de nous, producteurs, mais aussi des consommateurs italiens. En d’autres termes, il y aura un véritable chaos qui ne fera qu’augmenter le nombre de fraudes dans le secteur de l’huile d’olive. C’est pourquoi il est très important que le consommateur italien lise attentivement l’étiquette présente sur la bouteille d’huile qu’il achète, afin d’éviter les tromperies et les fraudes qui n’ont rien à voir avec les garanties de qualité et d’origine italienne du produit. »
« La dernière mesure approuvée par l’UE n’est rien d’autre qu’une loi sur mesure pour ceux qui continuent à promouvoir et défendre un produit industriel, au détriment de ceux qui, comme nous, essaient de proposer sur le marché des produits de très haute qualité, avec une traçabilité réelle. Et puis, on parle tant de la lutte contre le phénomène de l’Italian sounding pour défendre le “made in Italy”, mais en agissant ainsi, à mon avis, on le condamne à disparaître. Aussi parce qu’avec toutes les fraudes passées – et celles à venir – le 100 % italien risque de ne plus être crédible. »
« Et enfin – je conclurai là-dessus – pourquoi l’UE se préoccupe-t-elle d’aider un pays africain en pleine crise alors qu’en Italie, et en particulier dans les Pouilles, des entreprises oléicoles sont en train de mourir ? »
Tagadà.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à regarder le reportage sur l’huile d’olive tunisienne et l’interview de Vincenzo Lucarella réalisée pour l’émission Tagadà, diffusée le 3 mars dernier sur La7.
